1973 - Baie de New York. Un vaisseau s'écrase dans l'eau suivi de près, quelques dizaines de mètres plus loin, par les débris d'un immeuble. Et au milieu de tout ça, mon corps qui tombe, semi conscient avant un nouveau trou noir lorsque je me heurte à l'Océan.

Combien de temps étais-je resté inconscient ? Mon corps flottant à la surface, bercé par les vagues qui me ramenaient peu à peu vers le rivage. Je finis pas ouvrir les yeux, faisant un effort surhumain, terminant les quelques mètres qui me séparaient encore de la terre ferme. Je m'accrochais à un cordage, reprenant mon souffle et un peu d'assurance. C'était étrange, vue d'ici, New York me semblait... différent.

Sur le moment je ne comprenais pas trop ce qui m'arrivait, pourquoi je m'étais retrouvé à l'eau et tout ça. Je me hissais au cordage pour atteindre le ponton avant de m'affaler, dos sur le sol pour reprendre mon souffle. Le vent amena jusqu'à moi, les pages d'un journal dont la date inscrite en grand semblait vouloir dire, 1973. Je pensais tout d'abord au titre de James Blunt, pensant qu'il avait sorti un nouvel album, mais en fait non, c'était bien la date… je prenais alors conscience de ce qu'il y avait autour de moi, les vêtements que portaient les quelques passants qui s'arrêter pour regarder au loin, l'immense vaisseau qui s'était échoué.

« Bon sang… qu'est-ce qu'il se passe ? »

Les ouïes de chaque côté de mon cou commencer à s'estomper à mesure que je séchais. J'essayais de les cacher un minimum en relevant mon col, mais ce n'était pas si évident. Sur le moment je ne savais plus trop quoi faire, tout me semblait tellement différent. Que pouvais-je bien faire ? Je me trainais jusqu'à une ruelle, gardant un oeil sur la baie sans pour autant être vu par les gens qui auraient pu se poser des questions.

 Rejoindre la Confrérie n’était peut être pas la meilleure des choses que j’ai pu faire, mais la encore si j’avais pu être réputée pour mes inventions et quelques uns de mes écrits, ce n’était pas pour mes bonnes décisions que j’étais connue. J’avais torturé un mutant, j’avais causé quelques morts et mon pouvoir n’était que facilement contrôlable. Alors oui, je supposais que l’on pouvait dire que les mauvaises réactions et les mauvaises décisions c’étaient des choses que je connaissais. Mais soit, sur le coup ce que m’avait raconté le petit homme aux cheveux gris m’avait semblé vraiment charmant, et intéressant. Alors voila. Pour le coup j’avais gagné une chambre dans un hôtel luxueux et même de quoi reprendre mes inventions. Alors non, je n’allais pas m’en plaindre ? D’autant que les humains de ce siècle étaient les même que les humains du passé si ce n’était qu’ils avaient d’avantage de moyens de se faire du mal.

Quoi qu’il en soit je trainais a proximité des ports quand un bruit dans une ruelle attira mon attention; mes gants bien en place, je tentais d’esquiver les quelques voitures - quelles sordides inventions tout de même - et j’arrivais enfin dans une petite rue pour trouver que le bruit n’était rien d’autre qu’un combat entre quelques chats du quartier. Fascinée, je les regardais un long moment, jusqu’a ce que l’un d’eux ne m’agresse et que finalement je ne parte en détalant, trébuchant sur quelque chose…. Qui se trouvait être un humain. Blond. Avec des choses bizarres dans le cou, et … l’air un peu perdu fatigué.

 «  Desolée. Je ne vous avais pas vu. Je ne vous ai pas fait mal ? »

Maladroite. Comment pouvait on être comme moi et être maladroite ? Bon. Chance. Je ne l’avais pas touché corps à corps… Enfin, chair à chair. Pas de soucis avec mon pouvoir. Respire Salem. Respire.  

 «  Vous n’avez pas l’air bien. »

Non. Dans mon temps, on ne m’a pas appris qu’il ne fallait pas parler aux inconnus.

La question qui me venait à l'esprit dans un premier temps, c'était, avais-je fait le bon choix ? Fuir ainsi ace à l'inconnu était une réaction de lâche et malgré tous mes défauts, je n'en étais pas un, enfin du moins, je n'avais pas l'impression d'en être un. Mais mes idées avaient du mal à se remettre en place, si je n'avais pas été un mutant, je serais probablement mort noyé à l'heure qu'il est. Je ne savais même pas vraiment combien de temps j'étais resté inconscient, au moins quelques heures, si ce n'est des jours car j'avais tout de même très faim.

La solution n'était peut être pas de fuir le gros vaisseau plongé dans la baie de New York, quelqu'un de plus courageux et stupide que moi, aurait probablement foncé dans sa direction en utilisant son pouvoir pour y accéder et pourquoi pas même s'introduire par les fente que le choc avait créé. Mais je n'étais pas de ceux là, je ne savais même pas ce qu'il pouvait y avoir à l'intérieur, et pour le moment je n'avais pas vraiment envie de le savoir. Seule cette date de 1973 m'inquiétait… mon coeur fit un bond dans ma poitrine en sentant un choc dans mon dos qui manqua me faire tomber au sol. Quelqu'un me voulait-il du mal ? Non, ce n'était pas ça, une femme m'avait percutait et s'excusait, ce n'était pas bien grave, j'aurais pu l'éviter si j'avais regardé derrière moi également. Je baissais spontanément la tête, comme pour cacher mes yeux devenus bleus, l'angoisse de ne pas savoir qui m'était tombé dessus avait déclenché mon pouvoir sans le vouloir. A quelques mètres, l'eau d'une flaque semblait tressaillir mais cela se calma bien vite. Ce n'était rien après tout, j'avais eu peur, mais il n'y avait pas de quoi. Mes yeux reprirent leur teinte ambrée et mon regard se posa sur l'inconnue après quelques longues secondes de silence.

« Ce n'est pas grave, je ne regardais pas non plus et puis j'étais arrêté en plein milieu de la ruelle aussi ça n'aide pas. »

Je lui répondais sans être pour autant très présent dans ma tête. Peut être que j'aurais dû lui dire quelque chose d'intelligent, profiter de sa présence pour lui demande où est-ce qu'on était vraiment même si le lieu ne pouvait être autre chose que New York, mais il restait le problème de la date…

« Je… excusez moi. Vous êtes du coin ? »

Je ne voulais pas qu'on me prenne pour un fou non plus, dire bonjour je viens visiblement du future, pourriez vous me confirmer que nous sommes bien en 1973 s'il vous plait. Non ça le faisait pas hein…Oh moi je savais par quoi commencer comme question.

L’homme en face de moi était des plus étranges, mais il était la. Et il semblait totalement perdu… Alors, peut être que je pouvais faire une bonne action. Après tout, les bonnes actions, c’était des choses intéressantes que l’on faisait quand tout allait bien ? Ou… C’était quelque chose que l’on faisait pour être récompensé. Allez savoir ? Bah, toujours était il que j’étais la. En face de lui, et que j’attendais de voir qui il était… ? Ce qu’il faisait ? Et surtout si il n’était pas en mauvais état. Il était tellement jeune. Et je devais faire attention à ne pas le toucher peau a peau.

En tout cas, une chose était sure, j’étais bien en face d’un mutant. Un dont la confrérie ne m’avait jamais parlé. Il devait être… Comment dire ? Sans importance pour eux ? En un sens, tant mieux, ça m’évitait de sympathique avec quelqu’un qui aurait pu être un ennemi ? Mais…. ?

Bah. Il était perdu. Et je lui adressais un petit sourire. Doux. Presque sympathique. Presque. Un sourire. C’était bien suffisant. J’étais aussi perdue que lui dans cette époque mais pas pour les mêmes raisons.

«  Plus ou moins oui. Quelque chose ne va pas ? »

Et puis voila. Finalement c’était peut être un peu trop. Avant de devenir ce que j’étais j’avais été quelqu’un de bien. Ce n’était pas ma faute si j’avais quelques difficultés dans ma tête ou même si… Bah. Tant pis ?

«  Est ce que je peux vous aider, ou vous renseigner ? »