Les choses auraient pu être pire. Même si elle n'allait pas au mieux. Aussi perdu soit-il, il était vivant. A ce stade, il ne s'accrochait plus au branche mais au racine. Un soupir amusé passa entre ses lèvres alors qu'il levait les yeux vers le ciel. La nuit tombait doucement, les ombres s'allongeaient et le parc se vidait peu à peu. Bientôt il ne resterait que les voyous et les être errants. Et lui. Il ne craignait ni les uns, ni les autres. Dans les ténèbres, il était toujours à l'aise, ayant mille façon de s'en tirer avec une pirouette de mot ou de geste. C'était là que ses pouvoirs se faisaient le plus discret, mais aussi le plus efficaces. Par ailleurs, c'était une question d'habitude.

Assis sur un banc qui aurait bien besoin d'être repeint, il bascula la tête en arrière, observant les nuages en silence. Que faire ? Il était si loin de tout ce qu'il avait connu. Ses amis n'étaient pour la plupart même pas né et les autres ne le connaissait pas encore. Lui même n'existait pas... Existerait il un jour d'ailleurs ? Tout cela sonnait comme un rêve trop réel. Il avait vécu ailleurs, si loin dans le temps et voilà qu'il se retrouvait au milieu de Central parc, plongé dans une époque inconnu et empli de mystère et de rumeurs à tenter de reconstruire sa vie comme il l'avait laissé.
Lui qui n'avait jamais aimé la sécurité de la routine.

« … Quelle ironie... »

C’était en quelque sorte le moment de découvrir New York, ou plutôt de le redécouvrir. Decouvrir un New York d’une autre année… Presque 40 ans auparavant. Presque 40 ans, durant les quels je n’étais pas née, durant les quels beaucoup de choses s’étaient passées. Habillée en civile je marchais dans Central Park, profitant du manque de pollution inhérent à cette époque, et des quelques bouffées d’air herbeux des quelques remanences des hippies. Ouais. Quelque chose comme ça. C’était pas si mal cette période. Et peut être que j’aurais du m’asseoir avec un de ces groupes de gens qui parlaient et fumaient pour destresser. A part que ce n’était pas moi, et que je devais bien avoir l’air coincée au milieu de toute cette liberté. Enfin, je supposais qu’on ne se refaisait pas.

Tout en marchant, je prenais cependant le temps de glisser une cigarette entre mes lèvres, lançant un juron poli -si si ça existe- en réalisant que je n’avais pas de feu. Bien, ce n’était pas vraiment l’embarras du choix dans les personnes qui pourraient m’aider, qui manquait, et ainsi, je me dirigeais vers la première personne qui passait.

«  Je suis navrée, est ce que vous auriez du feu s’il vous plait ? »

Une voix le ramena sur terre. Élancée, jolis yeux bleus et bien sculptée. Il y avait pire comme interruption de penser. Le coup d’œil était rapide, professionnel, il évaluait la personne par réflexe avant que la question n'atteigne le cerveau. Du feu. Oui, toujours, même s'il ne fumait pas. Encore une habitude prise avec le boulot, nombreux étaient les clientes et clients qui fumaient. Et se faire allumer la cigarette par leur escorte semblait beaucoup les amuser. Souriant, il sortit son zippo et le lui tendit. Elle n'avait pas la tête de ce qui parte avec en courant. Du moins, il l'espérait, il y tenait à ce briquet.

« Bien sur, tenez. » La laissant faire, il la détailla avec plus d'attention. Elle lui semblait familière, bien plus que toute personne qu'il avait pu croiser jusque maintenant... Par hasard, viendrait elle de... Non, c'était peu probable, et pas très important. Et puis, lui demander « Vous n'avez pas l'air à votre place, vous venez du futur vous aussi ? » le ferait passer pour un fou, même avec les événements récent. Non, à la place, il ajouta simplement :

« Vous ne devriez pas fumer, vous allez gâcher votre joli sourire. »
Qu'il n'avait pas vu mais... Il pouvait toujours espérer.

Fumer. C’était une vieille habitude que je venais de reprendre après les coups de stress qui s’étaient enchainés. Fumer. C’était mal, et c’était bien à la fois, parce que ça me permettait de concentrer ma colère sur autre chose que sur tout ce qui se passait. L’Heliporteur était à l’arrêt dans la baie de New York, les Avengers étaient pour la plupart lâchés dans la nature, et surtout… Surtout, nous n’avions aucune idée de comment rentrer chez nous. Alors voila. Comme une adolescente que je n’étais plus, je passais mes nerfs sur une pauvre cigarette innocente. - Pas si innocente que ça. Un cigarette n’était jamais innocente -

Mais soit. Quoi qu’il en soit, le jeune homme dont le visage m’était familier m’avait tendu son briquet, et je hochais la tête en le remerciant. «  Je vous remercie. » C’était pas très chaleureux, mais c’était sympathique. On m’avait souvent dit que j’avais des difficultés avec les contacts humains. Ce n’était pas faux. Mais ce n’était pas non plus de toute importance n’est ce pas ? Quoi qu’il en soit, sa phrase de drague malhabile - parce que oui, je l’avais pris plutôt comme ça, me fit hausser les épaules.

«  Vous ne l’avez pas vu. » Et glissant le briquet dans sa main, je lui posais finalement la question qui me taraudait. Peu du genre à tourner autour du pot finalement. «  Vous n’êtes pas d’ici n’est ce pas? »

« Certes, mais j'espérais avoir cette chance. »
Elle était mignonne et s'il n'était pas en train de la draguer volontairement, il imaginait que son sourire devait être plaisant. C'était toujours plaisant un sourire, sauf lorsqu'il appartenait à un psychopathe. Mais heureusement pour lui, il n'avait jamais rencontré ce cas de figure. Et elle n'avait pas l'air d'en être une. Juste de venir du futur.

Et visiblement, il n'y avait pas qu'à lui que l'idée était venu. Elle le prit de court à lui poser si ouvertement la question.. Qui ne voulait rien dire en fait. Ici, c'était où ? C'était quoi ? La ville, le parc ou le temps ? Difficile à dire, mais vu sa réaction à sa première remarque, il n'avait plus rien à perdre à passer pour un idiot ou un fou. Ou les deux.
A part son zippo, si elle partait en courant avec. Quoiqu'il y eut assez peu de chance qu'elle le fasse. Une faible femme effrayé n'allait pas demander un briquet à un inconnu en manteau noir. Question d'instinct de survie même si les humains n'étaient pas censé en avoir.

« De New York ? Oui et non. Je n'y suis pas né mais j'y vis. Que ce soit maintenant ou dans une quarantaine d'année. »
Dis comme cela, ça pourrait toujours passer pour un projet d'avenir, non ?

[HRP Miracle ! Je me remets à RP partout ! ]

Est ce qu’il était en train d’essayer de me séduire ? Qui était cet homme ? Que me voulait il ? Pourquoi agissait il comme ça ? Les gens plutôt directs avaient tendance à m’énerver. Mais il était different, il semblait plutôt… Franc et… ? Non, peut être pas franc. Mais il y’avait quelque chose en lui d’intéressant qui m’empêcha de sortir mon arme, ou de tourner les talons en l’ignorant volontairement.

 «  C’est une chance qui n’est pas donnée à tout le monde. » Est ce que moi ? Maria Hill, je …. plaisantais avec un inconnu dans un parc ? Il fallait supposer que j’avais changé depuis que j’étais arrivée ic alors ? Un changement d’époque ça avait de quoi nous faire un sacré choc. Quelque chose comme ça ? En tout cas, je me mordais l’intérieur de la joue après avoir allumé ma cigarette, et je lui posais une question qui pouvait sembler banale, avant de lui rendre son briquet.

La réponse me surprit. Mais elle me fit hocher la tête avec une sorte de presque sourire entendu.

«  Ainsi, nous ne serions pas les seuls à nous être retrouvés ici…. » … Hmm Maria ? Tu penses à voix haute. Je secouais un peu la tête en me reprenant. « Pardonnez moi, j’ai pensé trop fort. Maria Hill; enchantée. Qui etes vous ? » Le mieux au final, c’était bien de savoir qui il était ? Si il était la, c’était que c’était soit un agent du SHIELD, soit un mutant ? Soit quelqu’un qui s’était infiltré sur l’heliporteur ? C’était à voir tout ça…

Je ne suis pas tout le monde. Non, trop prétentieux, il se retint en se contentant d'un sourire. Elle n'était pas venu se faire draguer mais allumer sa clope. Pour le coup, même pour lui, la remarque paraîtrait de trop. Autant la garder pour soit. De toute façon les remarques mettant l'escorte en avant était à éviter avec les clientes. A quelques exception près. Mais elle n'était pas cliente.
Sa réponse coupa court à ses réflexions sur les déformations professionnelles et il se retrouva bêtement à la regardé la bouche ouverte. Cinq secondes, le temps de s'en rendre compte et de la refermer. Cinq secondes durant lesquels son cerveau carbura.

Nous ? Si elle n'avait parlé que d'elle, elle aurait dit « je ». Ça impliquait donc un groupe qui ignorait l'arrivée d'autres personnes. Et qui ignorait plus le reste du monde que ceux dont on parlait ? L'héli-truc.
Il la détailla à nouveau. Musclée, le regard droit, sérieuse. Pas du tout femme sans défense en fait. Il ravala sa salive et sourit en fermant la-dite bouche.
Elle passa du statut de jeune femme belle et intéressante à celui de jeune femme belle et intéressante pouvant potentiellement le renseigner. Il n'avait rien à lui cacher, du moins il l'espérait. Nier son appartenance à un temps futur ne ferait que créer des ennuis.

« Lucy Stolas, enchanté aussi. Vous savez quelques choses sur tout ça ? »
Bien, soutire des informations à un agent de je-ne-sais-trop quoi et voit sur combien de mètres tu peux courir avant qu'elle ne te plaque une flingue sur la tempe...

Cet retour dans le passé m’avait probablement un peu changé. Les choses étaient différentes. Mais comme par hasard, le destin s’acharnait sur moi et le travail revenait a la charge quand j’apprenais que l’homme venait du futur. Un soupir. La cigarette m’offrit un long moment de répit, et je le regardais. Maria Hill. Je m’étais présentée et ce n’était pas si grave n’est ce pas. La sous directrice du SHIELD était quelqu’un de connu pour certaines personnes de notre temps, du moins, ceux qui connaissaient le SHIELD, ça ne semblait pas être son cas à lui.

Lucy Stolas. Le nom ne me disait rien. Mais à le voir comme ça, je supposais du coup qu’il était un mutant. Sourcils arqués, je le fixais un peu.

«  Probablement plus que vous on dirait. Et je suppose que vous etes d’humeur à jouer à racontez moi votre histoire, je vous en dirais d’avantage. »

Ce n’était pas une question. Plutot un ordre. Maria Hill ne posait que rarement de questions innocentes. Et puis, qu’il soit prévenu, je courrais vite. Et j’étais armée. Enfin, il ne me semblait pas non plus tout a fait dangereux, alors c’était a voir. J’attendais. Le visage fermé. Et peut être qu’il gagnerait quelque chose qui ressemblait à un sourire. Peut être.

Son histoire ? Il leva un sourcil interrogatif. L'air de rien, c'est un exercice très difficile que d'interroger quelqu'un avec un simple sourcil. La plupart des gens n'y répondent pas d'ailleurs. Elle non plus. Mais il avait l'impression qu'il aurait pu tout obtenir le même résultat en lui posant la question à haute voix. Elle n'était pas là pour tergiverser. Juste pour avoir ses réponses dans ce qui ressemblait davantage à un interrogatoire qu'à une simple discussion de curiosité.
Soit.

« Il n'y a pas grand chose à raconter, je menais une vie bien tranquille, je suis allé dormir chez un ami et quand j'ai rouvert les yeux... pouf ! Je n'étais plus du tout au même endroit. »
Quoi ? C'était tout ce qui concernait leur affaire, non ? Il n'allait pas lui raconter comment il avait appris à s'habiller avec deux chaussettes identiques ou la couleur des yeux de son premier coup de cœur – vert, si vous voulez tout savoir – ni comment il avait saisit qu'il possédait des pouvoirs pas tout à fait normaux... Non, ça n'était pas le sujet, n'est ce pas ?

« Et vous ? Comment vous êtes vous retrouvez à travailler dans un si étrange... lieu de travail ? »
Comment dire les choses sans les dires. Au cas où il se tromperait. Bien entendu, il ne s'attendait pas vraiment à une réponse, mais que risquait il a tenter ? Elle n'allait pas le braquer juste parce qu'il était un peu trop curieux, si ?

[ LE MIRACLE DE DEBUT D'ANNEE ]

Il n'était pas facile de tirer un sourire du visage de la directrice adjointe du SHIELD. Ce n'était pas en ricanant et en essayant de me montrer aimable que j'avais grimpé les échellons de l'agence. Ma vie était l'agence, et chaque instant, même le plus anodin, y était toujours lié. Comme c'était précisément le cas à l'instant même. Bien que tout le monde était sur le qui-vive pour essayer de comprendre comment nous nous étions tous retrouvés des dizaines d'années en arrière, je n'étais théoriquement pas en mission. J'essayais de me familiariser avec ce nouvel endroit, comme si je redécouvrais New-York, alors que je la connaissais déjà si bien. Et pourtant, je l'entendais dans ma voix, la moindre de mes questions sonnait officielle, comme un commandement, un ordre, un interrogatoire. Seulement, à mon grand regret la réponse ce Lucy n'était pas aussi satisfasante que prévue. Comment pouvait-on raconter une histoire aussi banale quand on se présente déjà aussi spécialement? Ce n'était donc pas aujourd'hui que je trouverais une réponse qui m'aurait suffisamment éclairée.

Je le regardais, le sourcil arqué, légèrement suspicieuse, et à la fois déconcertée par ce retour de question. Prévisible,  et pourtant je ne savais pas tellement quoi en dire. Cela semblait tellement irréel de devoir raconté comme en l'espace de quelques minutes, sa vie bascule pour atterrir dans le passé. Tout ceci alors que l'on travaille tranquillement dans un appareil volant aussi grand que Central Park qui s'est bêtement posé dans le fleuve. Je posai mon menton quelques secondes dans ma main, le tout était de bien tourrner ses phrases, pour finalement lui répondre.

« La même. Je 'travaillais' tranquillement lorsque j'ai remarqué que je n'étais plus dans mon bureau, d'une certaine manière si je peux dire ainsi. »

J'avais envie de lui dire que je travaillais pour le SHIELD… De lui parler un peu de tout ça. Aprés tout c'était probablement un mutant ou…. ? Pas ? C'était à voir. La curiosité était forte mais je ne pouvais tout de même pas lui dire comme ça tout de go « Est ce que vous etes normal ? »

Alors j'optais pour un autre choix.

«  Est ce que vous voulez boire un verre ? »

Parfois, il fallait juste savoir donner du sien.[/color]

Travaillais. Elle était aussi vague que lui. Quoiqu'en lisant entre les lignes... Mais il se persuadait tout seul d'une chose dont il n'avait aucune preuve. Une intuition basé sur le fait qu'elle ne semblait pas réagir à la présence du vaisseau. Comme si c'était normal pour elle que cette chose immense existe. Il allait lui demander directement si elle travaillait à l'intérieur quand sa question le surprit et coupa court à ses réflexions. Un verre ? Ce n'était pas la première fois qu'on l'invitait à boire un verre, pas du tout même. Mais... C'était bien la dernière chose à laquelle il s'attendait venant d'une femme comme elle. Ou alors il s'était trompé à son sujet. Ou peut être même qu'il lui plaisait finalement ?... Non, le regard n'était pas le bon.

« Ce serait avec plaisir, mais je n'ai malheureusement pas de quoi vous le payer. »
Évitons de passer pour le beauf qui accepte et fuis en laissant l'addition. D'autant que ce n'était pas son genre de laisser les autres payer en dehors du boulot. Quand il en avait les moyen tout du moins. Et là... Il était un peu fauché. Euphémisme. Il n'avait pas un rond ou alors un billet qui n'avait pas encore de valeur.

« Et vous travaillez où si je puis me permettre ? »